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« Ce qui est en jeu, ce n’est pas notre avenir, c’est notre présent. »

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Bertrand Piccard, impossible n'est pas Piccard

Il n’est pas que le digne représentant d’une lignée d’aventuriers. Conscient des dangers qui menacent la planète, ses exploits lui ont aussi permis de créer la fondation Solar Impulse à la recherche de solutions novatrices et efficientes au service de l’environnement.

Montrer que l’extraordinaire peut se réaliser, que l’impossible n’existe pas, qu’un succès en appelle d’autres… Bertrand Piccard est ainsi. « Je suis un explorateur de la vie », dit-il d’une voix douce et joyeuse et on le croit.

Une vie bercée par les fées de l’aventure, entre un grand-père physicien - il aurait inspiré à Hergé le personnage du professeur Tournesol - premier homme à pénétrer la stratosphère avec un ballon en 1931 et un père océanographe qui, en 1960, tutoie les abysses en touchant le fond de la fosse des Mariannes (Pacifique) et enregistre un record de plongée en sous-marin.

C’est à cap Canaveral où il a la chance d’assister au décollage de la fusée Apollo 11 que sa vocation d’explorateur se construit. Nous sommes en 1969, il a 11 ans. « J’explore le monde intérieur ce qui m’a conduit à la psychiatrie et le monde extérieur, en suivant la voie de l’aéronautique », raconte-t-il aujourd’hui.

« Mon premier grand rêve personnel, a été de faire quelque chose d’impossible », poursuit-il. Ce sera le tour du monde avec un ballon, Breitling Orbiter 3, qu’il effectuera sans escale en mars 1999, avec Brian Jones, un aéronaute britannique. Si un tel défi en aurait poussé plus d’un à chercher des soutiens, c’est l’exact contraire qui anime Bertrand Piccard. « Ce qui est fantastique lorsqu’on s’attèle à quelque chose jugée impossible, c’est qu’il n’y a personne qui vous conseille, personne qui peut vous aider. Il n’y a pas d’étalon, c’est un travail d’équipe et on doit tout inventer ».

Mais la réussite n’est pas un cocon dans lequel Bertrand Piccard apprécie de s’enfermer : « à partir de là j’ai pu passer à autre chose. Ça a été le projet Solar Impulse ». Avec une idée qui dépasse largement le seul exploit technique : « si on peut voler jour et nuit et faire le tour du monde dans un avion solaire, c’est que forcément, ces technologies peuvent servir dans la vie de tous les jours » assure-t-il, après avoir bouclé ce deuxième tour du monde entre 2015 et 2016 avec le pilote André Borschberg. « Un succès, c’est fait pour devenir plus utile ».

Et pour Bertrand Piccard, être plus utile aujourd’hui, c’est se battre pour l’environnement, loin des sirènes de la décroissance mais avec des projets innovants bien concrets. C’est tout l’enjeu de sa fondation Solar Impulse créée en 2016. « On a déjà sélectionné 865 solutions qui sont autant de preuves que la protection de l’environnement est plus rentable que sa destruction », explique-t-il. L’objectif fixé est de labelliser 1000 solutions, capables de créer des emplois et de rapporter des bénéfices, « en s’appuyant sur des technologies efficientes et non sur les vieux mécanismes polluants utilisés jusqu’à aujourd’hui ».

Ces solutions piochées dans le monde entier passent aussi par la Région Grand Est avec qui la fondation a signé une convention pour la période 2019-2022. Pionnière, la collectivité ouvre ainsi la voie de la transition écologique et énergétique pour en faire un pilier de l’économie territoriale. Il est question d’éclairages publics solaires, de systèmes pour faire du froid magnétique sans gaz réfrigérant, de turbines à installer dans les chutes d’eau pour créer de l’électricité… C’est aussi dans le Grand Est que Bertrand Piccard a battu un nouveau record : « je vole tous les deux ans en montgolfière à Chambley, mais entre les deux, je fais autre chose et l’an dernier, j’ai battu le record du monde de distance en voiture à hydrogène avec un seul plein au départ de Sarreguemines », se réjouit-il, persuadé que l’Europe doit se positionner sur ce marché du futur. « Ce qui est en jeu, ce n’est pas notre avenir, c’est notre présent », aime-t-il à dire. Un présent qu’il occupe à temps plein. Avec maestria.

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